Dans cet extrait de « Quelques pensées sur l’éducation », John Locke, philosophe anglais du 17ème siècle, explique comment nous formons nos enfants à la corruption et au mensonge. Ses propositions peuvent être d’une grande importance pour le Mali d’aujourd’hui.
« 1º Ne rejetez, ne dédaignez aucune des questions de l’enfant ; ne souffrez point qu’on s’en moque ; répondez à toutes ses demandes ; expliquez-lui ce qu’il veut connaître, de façon à le lui rendre aussi intelligible que le permettent et son âge et son esprit. Mais ne lui brouillez pas l’intelligence par des explications, par des idées qui seraient au-dessus de son âge, ou par une grande variété de notions qui n’auraient pas de rapport avec l’objet dont il s’agit. Notez dans sa question le point qu’il veut précisément connaître, et ne faites pas attention aux mots qu’il emploie pour s’exprimer. [ndlr]
3º Si l’on doit ne jamais négliger les questions des enfants, on doit aussi avoir grand soin de ne leur faire jamais de réponses trompeuses et illusoires. Ils s’aperçoivent bien vite qu’on les néglige et qu’on les trompe ; et ils ne tardent pas à devenir négligents, dissimulés et menteurs, s’ils observent qu’on est tout cela avec eux. C’est notre devoir de respecter la vérité dans tous nos discours, mais surtout quand nous causons avec les enfants : car si nous nous amusons à les tromper, non seulement nous ne répondons pas à leur attente, nous empêchons qu’ils ne s’instruisent, mais nous corrompons leur innocence et nous leur enseignons le pire de tous les défauts.
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Ce sont des voyageurs nouvellement arrivés dans un pays étrange dont ils ne naissent rien : nous devons par conséquent nous faire scrupule de les tromper. Et bien que leurs questions puissent nous paraître parfois insignifiantes, il n’en faut pas moins leur faire des réponses sérieuses ; car elles ont beau nous paraître indignes d’être faites, à nous qui en connaissons depuis longtemps la solution, elles n’en sont pas moins importantes pour un enfant qui ignore toutes choses. Les enfants sont étrangers à ce qui nous est le plus familier, et toutes les choses qui s’offrent à eux leur sont inconnues, comme elles l’ont été pour nous-mêmes. Heureux ceux qui trouvent des gens polis, disposés à tenir compte de leur ignorance, et qui les aident à en sortir ! »
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